« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 6 juin 2014

#ChallengeAZ : F comme frontière

Au début, tout va bien. Les registres sont en ligne (ou pas) et on progresse tant bien que mal. Mais un jour, tout change : vous avez des ancêtres à l’étranger ! 


 
Frontière © Passionmilitaria
 
En Suisse en l’occurrence. Et là, ça se complique. Car les archives ne sont pas accessibles pour les Français. Mon premier ancêtre Suisse est Joseph Borrat-Michaud, né en 1863 à Champéry (Valais).

Alors c’est la fin ? Dès le milieu du XIXème ? Si vite ? Comment faire une croix sur tout un pan de sa généalogie ? Quand on est passionné, c'est trop difficile ! Bon quand on tombe en "fin de branche" vers 1590, que les registres ont disparu, on peut l'accepter plus facilement. Mais là . . .

Il faut bien se rendre à l'évidence : je n'ai pas le bon passeport. Après plusieurs mois d’impasse (et de vaines recherches pour tenter de contourner cet obstacle), un mail salvateur : un contact avec l’association généalogique locale, l'AVEG (Association Valaisanne d'Etude Généalogique). Grâce à leurs relevés, ils ont d’un coup débloqué 10 générations en m'envoyant la filiation de Joseph jusqu'au milieu du XVIIème siècle. Un grand merci à eux qui permettent de progresser si bien. Le seul bémol, c’est qu'ils ne m'ont transmis que la liste des événements, mais je n'ai pas vu (ni possédé) les actes eux-mêmes. Dommage.

Quelle idée d’avoir traversé la frontière ?

Autre frontière : celle du temps. 
Et celle-ci est souvent infranchissable : plus on s’enfonce dans le temps, moins on a de matière. Et c’est alors la disparition des registres qui nous empêche de progresser. Lorsqu’on est au XVIème siècle, on peut comprendre.
Lorsqu’on est à la Révolution, c’est plus frustrant. C’est le cas pour la branche Deux-Sèvres/Vendée car les registres ont souvent été détruits à cette période. Cela provoque d'affreuses trouées blanches dans mon arbre cylindrique.

Arbre cylindrique Astié/Borrat-Michaud, coll. personnelle

Mais là, il y a peu de chance qu'un mail vienne me débloquer miraculeusement. Et ce n'est plus une question de passeport...

En fait, j'ai pris de trop mauvaises habitudes : consulter les registres des XVI et XVIIème siècles. Du coup, m'arrêter à la Révolution, c'est comme avoir une bouteille quand on a soif, mais pas de décapsuleur ! Tu sens bien qu'ils sont là, quelque part, mais tu n'as aucune chance de les trouver.

Mais finalement, savoir se confronter aux limites d'une passion, n'est-ce pas passer un cap... une frontière ?

1 commentaire:

  1. Le parallèle entre la frontière géograpgique et celle du temps est assez pertinente je trouve. Cela dit, je pense qu'avec le temps justement les archives (y compris celles de l'étranger) vont s'ouvrir en ligne... Et je parle en connaissance de cause puisque j'ai des ancêtres en Suisse, Espagne, Allemagne notamment... Bon article!

    Guillaume

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