« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

dimanche 30 novembre 2014

#Centenaire14/18 pas à pas : novembre 1914

Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois de novembre sont réunis ici. 

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas directement Jean François.

Sa fiche militaire indique une période "Intérieur" après sa mobilisation et avant d'aller "Aux armées". J'en déduis que c'est la période où il fait ses classes.
Tous les éléments détaillant l'instruction militaire sont issus de "L'infanterie en un volume, Manuel d'instruction militaire" (Librairie Chapelot, 1914) trouvé sur Gallica.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er novembre
- Les deux moyens de lutte de l’infanterie sont le feu et le mouvement en avant.
- Le premier est l’élément de préparation ; le second est l’élément d’exécution.
- Lorsque le feu a suffisamment affaibli l’ennemi, le mouvement en avant lui succède pour aborder l’adversaire.

2 novembre
- Les forces morales constituent les facteurs les plus puissants du succès.

3 novembre
- Il faut résister jusqu’au bout et se faire tuer sur place plutôt que d’abandonner le drapeau.

4 novembre
- L’offensive surexcite la force morale et s’adapte parfaitement au caractère français.
- Elle déconcerte l’ennemi et lui enlève sa liberté d’action.

5 novembre
- Et toujours la gymnastique. Après les séances individuelles, on passe à la gymnastique collective.
Gymnastique, Rueil, Gallica

6 novembre
- Aujourd’hui exercice en pleine nature. Objectif de la compagnie : attaquer le saillant N.E. (une maison au toit bleu).
- La 6è Compagnie à gauche et la section de mitrailleuse ont pour mission de fixer l’ennemi. Les 7è et 8è appuient notre attaque.
- En cas de succès, la compagnie se réorganisera dans le village, prête à reprendre l’offensive.
- En cas d’insuccès, elle devra se maintenir sur la croupe à l’est du village.
- Un refuge pour les blessés est prévu dans le bois proche du village.
- La voiture à munitions marche avec le premier échelon au train de combat du bataillon.
- La voiture à vivres et à bagages ainsi que la cuisine roulante avec le deuxième échelon.
- Le capitaine et les officiers à chevaux en arrière de la fraction.
- Lorsque la compagnie arrive à proximité de l’objectif, elle a subi des pertes et sa capacité offensive est presque épuisée.
- La 7è vient en renfort.
- Le chef de bataillon commande  « en avant ! ». Nos deux compagnies prennent le pas gymnastique, puis le pas de course.
- L’objectif est pris.
- La peur du combat, mêlée à l’excitation et finalement la joie de la victoire.
- Est-ce que ce sera ça, la vraie guerre ?

7 novembre
- Sur le front, on aura sans doute à tenir un point déterminé du terrain, participer au mouvement en avant ou exécuter un mouvement de repli.

8 novembre
- Après l’offensive, la défensive.
- La défensive passive est vouée à une défaite certaine. Elle est à rejeter absolument.
- Seule une défensive agressive donne des résultats.
- Les troupes chargées de la défense ont à livrer des combats qui présentent un caractère offensif : c’est la défense agressive.

9 novembre
- Entraînement tir au canon.
Entraînement tir au canon, Rueil, Gallica

10 novembre
- Les grandes batailles pouvant se prolonger plusieurs jours, on nous prépare au combat de nuit.

11 novembre
- L’infanterie seule est apte au combat de nuit ; elle ne peut compter sur l’appui de la cavalerie ou de l’artillerie.

12 novembre
- Toute attaque de nuit doit viser un objectif nettement déterminé.
- Autant que possible, il doit être reconnu à l’avance, et n’exiger que des mouvements très simples.

13 novembre
- Les attaques de nuit doivent être préparées avec soin et en secret.
- Le chef indique à chacun son rôle, le point de ralliement et le moyen de reconnaissance.
- Nous marchons en rangs serrés, dans le plus grand silence, et attaquons à la baïonnette, sans tirer.

14 novembre
- Des exercices de tirs sont organisés pour déterminer les meilleurs tireurs.
Soldats tirant 1914, Gallica

15 novembre
- Chiens, culasses, baïonnettes n’ont plus de secret pour nous désormais qui savons parfaitement démonter, remonter et entretenir nos armes.

16 novembre
- Au début, on faisait les exercices avec des cartouches à blanc. Depuis peu, on est passé au tir réel.
- La vie et la mort sont désormais à portée de notre fusil.

17 novembre
- On s’exerce toujours à la gymnastique éducative collective deux fois par jours. La durée de chaque séance ne dépasse jamais trois quarts d’heure.

18 novembre
- On entame une série de « travaux de campagne » où on apprend à tirer parti des couverts ou divers obstacles que l’on peut rencontrer.
- Se camoufler derrière un tronc d’arbre par exemple.
Soldat camouflé derrière un arbre, manuel d'instruction militaire, Gallica

19 novembre
- On apprend aussi à améliorer les obstacles. Renforcer le tronc par un masque de terre, par exemple.
Renforcement d'obstacle, manuel d'instruction militaire, Gallica

20 novembre
- Les travaux du jour consistent à tailler une banquette sur une levée de terre, permettant d’être plus à l’aise pour tirer.

21 novembre
- La campagne s’enlise, on le voit bien. Peu à peu les troupes s’enterrent dans les tranchées.
- C’est la guerre de position désormais.

22 novembre
- L’entraide et la solidarité sont nécessaires pour assurer la réussite de toute opération.
Manœuvres militaires 1913, Gallica

23 novembre
- Détonateurs, amorces fulminantes, pétards et cordeau : c’est désormais l’emploi des explosifs qui nous occupe.

24 novembre
- Le rôle de l’outillage portatif est de mettre à la disposition du soldat le moyen de diminuer sa vulnérabilité contre les effets du feu.
- Reconnaître les outils et leurs emplois. Raoul hésite entre pelle-bêche et pelle-pioche !

25 novembre
- On étudie maintenant les tranchées : tracé sur le terrain, profil
- Quelque chose me dit qu’on va en avoir besoin

26 novembre
- La tranchée pour tireur assis s’aménage en moins d’une heure, avec des outils portatifs.
Tranchée pour tireur assis, manuel d'instruction militaire, Gallica


27 novembre
- L’exécution de la tranchée pour tireur à genoux peut durer jusqu’à 1h30, toujours avec des outils portatifs.
Tranchée pour tireur à genoux, manuel d'instruction militaire, Gallica

28 novembre
- La tranchée pour tireur debout, s’exécute en plusieurs phases et peut durer jusqu’à 2h30.
Tranchée pour tireur debout, manuel d'instruction militaire, Gallica

29 novembre
- Pour nous protéger contre les éclats d’obus, nous pouvons construire des abris sous parapets.
Tranchée avec abris sous parapet, manuel d'instruction militaire, Gallica

30 novembre
- Nous révisons les travaux de destruction sommaire que nous serrons amenés à effectuer sur le front : voie ferrée, ligne télégraphique


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