« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 14 août 2015

Noces de chêne

S'ils étaient toujours là, nous aurions fêté cette année leurs noces de chêne. 80 ans de mariage.

Daniel Augustin Astié et Marcelle Assumel Lurdin se sont mariés le 31 juillet 1935 (acte civil - la cérémonie religieuse aura lieu le lendemain).

Noces Daniel Astié et Marcelle Assumel Lurdin, 1935 © coll. personnelle

Daniel a 22 ans, Marcelle 19. Il est employé de commerce, elle est employée de bureau.
Entourés de leurs parents et amis, ils célèbrent ce jour particulier. Les fidèles du blog auront peut-être reconnu, à droite de la mariée, sa mère Marie Gros que nous avons déjà rencontrée lors du ChallengeAZ 2015. Son père, Jules, est déjà décédé.

Fêter les anniversaires de mariage est une tradition ancienne, d'abord païenne : dans l’Empire Romain, les époux mariés depuis 25 ans étaient coiffés d’une couronne en argent; d’où peut-être l’appellation de noces d’argent. Au XVIIIème siècle la tradition se popularise mais prend alors un caractère religieux et devient l’anniversaire d’un sacrement. C'est pourquoi, elle est moins présente chez les protestants, par exemple. Ces célébrations des anniversaires de mariage, courantes dans la petite bourgeoisie urbaine, vont se répandre progressivement dans les campagnes dans le courant du XIXème siècle. Mais cela se faisait uniquement pour certaines années. Les années intermédiaires sont apparues dans un second temps. Quand aux attributs (noms de matériaux, de pierres précieuses ou de végétaux) ils ont changé au fil du temps, en particulier sous l'influence des bijoutiers !

Les sept enfants Astié éparpillés un peu partout en France, une grande fête a été décidée en 1985 pour les réunir tous, à l'occasion de l'anniversaire de mariage de Daniel et Marcelle.

En 1985 nous avons donc fêté leurs noces d'or (50 ans de mariage).

Noces d'or, 1985 © coll. personnelle

Nous avons organisé cet événement au Domaine du Hutreau (à Sainte-Gemmes-sur-Loire, à côté d'Angers) où ils avaient longtemps travaillé et où mon père est né. Du haut de mes dix ans, je me souviens de ces lieux que je trouvais immenses, d'une pêche à la ligne organisée pour les enfants et des courts spectacles et chansons donnés lors du dîner pour nos grands-parents.

Et dix ans plus tard nous avons fêté le diamant (60 ans de mariage). Cette réunion familiale a fait l'objet d'une rubrique dans la presse régionale. Il faut dire que mon grand-père avait eu, en son temps, une certaine notoriété locale pour son travail en faveur des plus défavorisés.

Noces de diamant, 1995 © Courrier de L'Ouest

Il n'y aura plus de réjouissances familiales nous réunissant tous par la suite :
Daniel nous a quittés le 27 janvier 2001. Marcelle le 13 avril 2013.

Ils détiennent néanmoins le record de l'union la plus longue de ma généalogie : 65 ans.

C'étaient mes grands-parents.

Il n'y aura pas de noces de chêne. Sauf dans nos cœurs.


2 commentaires:

  1. Quel beau témoignage à tes grands-parents dont on devine combien il t'étaient chers, quel beau et long parcours de vie !

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  2. Bel hommage d'une petite fille !

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