« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

vendredi 22 janvier 2016

Le sieur Estienne

C'est étonnant de constater combien un ancêtre peut garder ses zones d'ombre alors même qu'on le retrouve si souvent dans les archives. Estienne Regourd est mon ancêtre à la douzième génération (sosa n°2221). Il a vécu à Conques (12) au XVIIème siècle.

Je sais qu'il est originaire de Varen (Tarn et Garonne) mais j'ignore quand il est né à cause de lacunes des registres paroissiaux. Quand et pourquoi est-il arrivé à Conques (distant d'une centaine de kilomètres) ? Cela reste un mystère.

Fils de praticien, il est praticien lui-même en 1672, l'année de son mariage. On le désigne ensuite sous le terme de marchand, sans que la nature des marchandises ne soit jamais révélée. Dans les documents il est distingué par les titres de "maître" (lorsqu'il est praticien) ou de "sieur" (titre donné, notamment, aux marchands aisés). Il épouse Marie Benavent, fille d'apothicaire; ce qui n'a rien d'étonnant puisqu'ils devaient fréquenter les mêmes cercles, facilitant leur rapprochement. Les témoins de son mariage sont procureur d'office ou notaire. Tous signent. Estienne évolue donc dans un milieu favorisé, parmi les notables de la ville de Conques.

Grâce à cela, je peux le suivre aisément à travers les documents d'archives. Je retrouve sa belle signature au bas de nombreux actes, paroissiaux ou notariés : comme témoin du  mariage d'Issanjou Amans et Avalon Antoinette à Conques en 1693 (par ailleurs mes ancêtres à la onzième génération), du décès du chanoine Benoit du Moulin en 1694, ou de nombreux documents de son ami et témoin de son mariage Me Flaugergues de 1688 à 1702 (et sans doute plus loin encore, mais les recherches sont encore en cours). On le voit apparaître aussi comme parrain, rôle essentiel dans la vie religieuse de l'époque : il est celui d'Issanjou Etienne (fils d'Amans et d'Antoinette) né en 1700, par exemple.

Signature Estienne Regourd, 1701 © AD12

Estienne est sans doute proche de la famille Issanjou : Amans est marchand lui aussi et on le retrouve témoin de plusieurs baptêmes d'enfants Issanjou répartis sur deux générations.

Lors du mariage de sa fille Marie en 1701, il lui offre une dot assez conséquente, reflet de son aisance matérielle : deux paires de linceaux (draps), une nappe, une douzaine de serviettes, un chaudron, un pot, deux plats, deux assiettes, deux écuelles, une bague d'or et la somme de 650 livres.

Ce notable a aussi un rôle conséquent dans la cité : on le retrouve "second consul" de la ville de Conques en 1692 [*]. Cette fonction de consul n'est pas toujours facile à déterminer car elle évolue selon les époques et les régions. D'une manière générale, le consul s'occupe de la gestion des affaires publiques : il peut percevoir les taxes, réglementer les transactions commerciales ou s'occuper de justice... Il est l'ancêtre du conseiller municipal. Dans cet acte notarié de 1692 il organise le "bail de la regence des escolles de conques a Mres Geraud Cantaloube pretre et antoine Labro accolyte dudit Conques".

Au fil des ans, je le vois marier ses filles : Hélène, Marie Anne, Antoinette. Pour cette dernière (en 1716) il n'est pas présent mais il a envoyé son consentement, "habitant présentement Lieucamp" (paroisse de Sonnac). Or il n'y a pas de registre antérieur à 1737 pour Lieucamp. Je ne sais donc pas quand (ni où) il est décédé. J'attends de voir s'il a laissé un testament auprès de son ami le notaire Pierre Flaugergues (mais je n'en suis qu'à l'année 1702 : il me reste encore quelques belles années à éplucher...).

En bref, je ne connais ni le début ni la fin de l'histoire... mais le milieu reste riche d'informations.



[*] Information trouvée grâce à la récente mise en ligne des minutes notariales par les AD12.




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