« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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dimanche 13 avril 2014

Vénale et superficielle

Comme je suis vénale et superficielle, je ne m'intéresse qu'aux stars dont je puisse être la descendante. C'est d'ailleurs bien le (seul ?) intérêt de faire de la généalogie, si l'on tient compte d'une récente émission de télévision qui a consacré un dossier à la généalogie. Je suis donc tous les jours connectée à Geneastar.

La première célébrité (star ?) à laquelle je me suis intéressée est Marie Louise Jay (*). 

 Marie Louise Jay, women-equity

Bon, les moins de vingt ans ne peuvent pas savoir, mais c'est (bien sûr) celle des fameux "Cognacq-Jay", co-fondatrice de la Samaritiane. Depuis tout temps, on dit chez nous qu'on est de la même famille. Elle est originaire de Samoëns en Haute-Savoie (comme ma famille maternelle), où elle est née le 1er juillet 1838 (et décédée à Paris en 1925). A 15 ans, elle part tenter sa chance à Paris. Vendeuse à La Nouvelle Héloïse, magasin pour Dames, elle rencontre Ernest Cognacq, également vendeur. En 1872, ils se marient, et s’associent pour faire prospérer le commerce qu’Ernest Cognacq a établit en 1867.
Ensemble, ils fondent « La Samaritaine ». Le succès est immédiat. Entre 1905 et 1910, le magasin de mode devient un véritable empire avec l’acquisition de quatre bâtiments de style Art Nouveau rue de Rivoli. En 1925, l’entreprise compte 8 000 employés, pour une surface commerciale de 47 000 m², répartie entre différents bâtiments et différents types de clientèle.

A la tête d'une immense fortune, sans enfant, Marie-Louise et Ernest se consacrèrent à des activités caritatives, via la création d’une fondation, qui gère plusieurs établissements philanthropiques situés à Paris et en Savoie (crèche, pouponnière, maison de retraite pour les salariés de la Samaritaine, maternité et logements sociaux). Le couple rassemble, entre 1900 et 1925, une collection d’œuvres d’art, qu’il expose au dernier étage de la Samaritaine Luxe.

Ils n'oublièrent jamais le village natal de Marie Louise. Il y a un peu plus de 100 ans, en 1906, Marie-Louise créa le jardin botanique de la Jaÿsinia. Plus que le simple témoignage de son attachement à son village, la Jaÿsinia est un lieu unique, sculpté sur le flanc montagneux sud dominant le village de Samoëns. 

Comme je suis vénale : j'ai bien repéré qu'ils n'ont pas eu d'enfants et qu'il y a de nos jours des opérations immobilières importantes. C'est le moment ou jamais !
C'est là qu'intervient le talent du généalogiste : prouver sa parenté (sous entendu : pour faire valoir ses droits). 
Ni une ni deux, j'observe à la loupe mon ascendance du côté Jay :
- Antoinette Adélaïde (première ancêtre Jay)
- Jean François Edouard
- Joseph Marie
- Jean François
- François
- Claude
- Nicolas François
- Humbert
Bon, là on est déjà rendu en 1595. Redescendons un peu :
- Humbert
- Nicolas
- Bernard
- Louis
- Jean Joseph
- Aimé
- Marie Louise, épouse Cognacq
     . . .
Bon, ben finalement, heureusement que je ne suis pas si vénale et superficielle que ça ! Parce qu'il faut remonter à Humbert pour trouver un ancêtre commun. 
Autant dire que :
  • pour faire valoir ses droits sur la Samaritaine, c'est un peu mince
  • pour dire qu'elle est de notre famille, c'est un peu mince aussi 

Mais en fait, ça m'est bien égal. Parce que je ne fais absolument pas ma généalogie pour trouver des "stars" parmi mes ancêtres. Je suis tout aussi fière de ce petit peuple humble et laborieux, ces laboureurs et vignerons, ces bordières et filles de peine. C'est grâce à eux que je suis là et mon plaisir est de les rencontrer. Qu'elle qu'ait été leur vie. Ils sont un peu de la mienne aujourd’hui.



( * ) A noter : Au pays, son nom s'orthographie Jaÿ et se prononce Ja-i.