« Un soir, sur un chemin familier qui m’est cher, en mettant mes pas dans les pas de ceux qui m’ont précédé sur cette terre, j’ai senti frissonner l’arbre du silence. […] Il n’y avait plus de vent, rien ne bougeait, tout était apaisé, et pourtant j’ai entendu comme un murmure. J’ai eu l’impression - la conviction ? - qu’il provenait de l’arbre dont nous sommes issus : celui de nos familles, dont les branches sont innombrables et dont les feuilles frissonnent au plus profond de nous. Autant de feuilles, autant de voix vers lesquelles il faut se pencher pour bien les entendre, leur accorder l’attention nécessaire à la perception d’un silence qui, en réalité, n’en est pas un et ne demande qu’à être écouté. Je sais aujourd’hui que ce murmure a le pouvoir de donner un sens à notre existence, de prolonger la vie de ceux auxquels nous devons la nôtre, car ils nous habitent intimement. »

- Christian Signol, Ils rêvaient des dimanches

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mardi 31 octobre 2017

#Centenaire1418 pas à pas : octobre 1917



Suite du parcours de Jean François Borrat-Michaud : tous les tweets du mois d’octobre 1917 sont réunis ici.

Ne disposant, comme unique source directe, que de sa fiche matricule militaire, j'ai dû trouver d'autres sources pour raconter sa vie. Ne pouvant citer ces sources sur Twitter, elles sont ici précisées. Les photos sont là pour illustrer le propos; elles ne concernent pas forcément directement Jean François.

Les éléments détaillant son activité au front sont tirés des Journaux des Marches et Opérations qui détaillent le quotidien des troupes, trouvés sur le site Mémoire des hommes.

Toutes les personnes nommées dans les tweets ont réellement existé.
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1er octobre
Le bataillon travaille à la réfection des tranchées de premières lignes. Journée calme. Le beau temps persiste.

2 octobre
Dans la nuit les ennemis sont entendus travaillant à leurs réseaux. Le secteur demeure calme. Les deux artilleries échangent quelques tirs. L’aviation ennemie se montre assez active. On les voit chaque jour ou presque vers 11h et 17h survoler nos lignes.

3 octobre
Dans la nuit du 2 au 3 nos patrouilles reconnaissent l’entre-deux lignes. La plupart des tranchées abandonnées sont obstruées. Les compagnies de 1ère ligne travaillent à encercler les îlots de résistance.

4 octobre
Dans la nuit du 3 au 4 nos postes sont encadrés de très près par des crapouillots. Notre artillerie tire quelques obus de 155.

5 octobre
Dans la nuit du 4 au 5 nous subissons un violent bombardement.

6 octobre
A 0h40 un tir d’engagement est déclenché sur le 115e bataillon situé à notre droite.

7 octobre
L’ennemi lance toujours quelques mines sur nos tranchées de 1ère ligne. Notre artillerie harcèle la 1ère tranchée boche. Ordre de bataillon n°171.

8 octobre
Les 1ères lignes sont battues par des batteries de 88 et nos boyaux de communication par des 77 et des 105.
Éclatement de mine, 1915 © Gallica

9 octobre
L’ennemi harcèle toujours nos tranchées de 1ère ligne, malgré les tirs de représailles de notre artillerie.

10 octobre
Avant l’aube nous sommes relevés par la 7e Compagnie, sans incident. L’artillerie ennemie harcèle coup par coup nos communications et la tranchée de doublement (tranchée Rabaud) que nous venons de creuser.

11 octobre
L’artillerie ennemie nous harcèle toute la journée, sauf de 12 à 15h. Plus de 400 obus tombent sur nous. Dégâts matériels importants.

12 octobre
Nouveaux violents bombardements à partir de 5h15. Dégâts des 1ères lignes au PC arrière. Les communications téléphoniques sont coupées. Combat de contact avec les Boches. Mais notre vaillance de chasseurs fait échouer cette tentative.

13 octobre
Après une nuit calme, l’aviation ennemie est très active. Les boyaux de communication sont soumis à un très fort harcèlement avec des obus toxiques notamment.

14 octobre
L’aviation ennemie est toujours très active. Chaque jour nous devons réparer les dégâts causés par les bombardements. Toujours en réserve, notre Compagnie travaille chaque nuit à l’assainissement et à la réfection des boyaux arrière.
Tranchée et bombardement, 1916 © Gallica

15 octobre
La 8e compagnie, en reconnaissance, tombe sur une sentinelle boche. Notre patrouille rentre sous un tir de 105. Toute la journée les tirs continuent et la nuit on essuie des tirs de rafales très nourris.

16 octobre
Nouveaux tirs à la pointe du jour. Milieu de journée calme, mais les bombardements reprennent en soirée.

17 octobre
L’activité de l’artillerie ennemie redouble. Les appareils font cependant demi-tour devant les nôtres.
Avion allemand © albindenis.free.fr

18 octobre
Journée calme. Quelques obus et crapouillots sur les premières lignes. Nuit très calme.

19 octobre
Quelques tirs le matin, et très violents l’après-midi. Tirs de destruction sur le réseau de fils de fer. Les tranchées sont endommagées. Tir de représailles de notre artillerie durant la nuit. L’infanterie ennemie demeure dans ses tranchées. Ordre de bataillon n°172.

20 octobre
Matinée calme. Tir de harcèlement à partir de 13h30. Plusieurs appareils ennemis survolent nos lignes à très faible hauteur. Les guetteurs boches se montrent plus fréquemment. Nuit calme.

21 octobre
Journée clame. L’artillerie ennemie est nettement moins active. Le 12e Bataillon nous relève : nous nous rendons au camp I à 2,5 km au Nord de Somme-Suippe.

22 octobre
On passe la journée au camp I. Soudain le silence. Pas même un oiseau pour lancer une trille joyeuse. Tout est mort. D’ailleurs, il n’y a plus de végétation. Il n’y a plus d’oiseau pour chanter. Juste la boue. La boue et le froid.*

23 octobre
Nous quittons déjà le camp I : De retour à Tilloy pour nous, à Auve pour d’autres.

24 octobre
Installation dans les cantonnements, travaux de propreté, douches.

25 octobre
Notre compagnie représente le Bataillon à une revue passée par le Général Gouraud près de Somme-Suippe. Nous sommes 100 hommes et le sous-lieutenant Augé. Remise de décorations.
Le général Gouraud accompagné d'officiers, 1916 © Gallica

A 20h on reçoit l’ordre de se tenir prêt à embarquer en T.M. le lendemain à 7h et d’emporter 2 jours de vivres.

26 octobre
Embarquement en T.M. à 7h pour Ville sur Terre et Fresnay. Notre compagnie arrive à 15h à Fresnay sans incident.
Carte Tilloy-Fresnay

160 chasseurs peuvent prendre une permission : ils sont laissés à Auve. Ordre de bataillon n°173.

27  octobre
Installation dans les cantonnements. Travaux de propreté.

28 octobre
Continuation de l’installation dans les cantonnements. Travaux de propreté, revues diverses. A 18h le bataillon reçoit l’ordre de se tenir prêt à faire étape le lendemain par voie de terre.

29 octobre
Le bataillon fait étape à Montier en Der où il doit cantonner en attendant son embarquement. Départ à 10h, arrivée à 14h30.

30 octobre
Installation dans les cantonnements. Des rumeurs circulent : cette fois on va aller loin.

31 octobre
Travaux de propreté, douches ; préparation au départ.



* Inspiré d’A. Perry « Au temps des armes ».